« Pas de guerre » Pierre Desangles le dimanche 16 juin 2024 18h00

Salle des fêtes Lapalun 26170 Buis-les-Baronnies

« Pas de guerre » spectacle musical et chorégraphique sur la musique de Sergueï Prokofiev
Créé le 19 octobre 2023 à l’Espace Maurice Fleuret du Conservatoire National Supérieur de Musique et Danse de Paris

« Il y a quelques années, j’ai eu la chance d’assister au Sacre du printemps de Stravinsky par la célèbre chorégraphie de Pina Bausch à l’opéra Garnier. À l’époque, l’idée d’écrire mon mémoire sur les trois sonates de guerre de Sergeï Prokofiev faisait place dans mon esprit. Après cette soirée mémorable et pour la première fois, m’est apparu le désir de collaborer avec des danseurs, privilège rarement réservé aux pianistes. L’ambition alors de monter un spectacle autour de la danse et des sonates 6-7-8 de Prokofiev s’est accrue lors de l’écriture de mon mémoire. C’est avec une joie immense que j’ai le plaisir de vous présenter ce projet. » Pierre Desangle CNSMD Paris

En 1909, la première saison des ballets russes est lancée au théâtre du Châtelet.
Pendant 20 ans et jusqu’à la mort de son créateur Serge de Diaghilev, musique et danse sous l’impulsion des plus grands artistes de l’époque émerveillent les plus grandes villes du monde. Trente ans plus tard, pendant l’été 1939 les trois Sonates de Guerre sont conçues à Kislovodsk par S.Prokofiev. Elles n’ont pas été créées par obligation politique mais par motivation personnelle et ne contiennent donc pas de restrictions musicales en lien avec les principes du réalisme socialiste de l’époque, ce qui donne aux trois sonates une liberté créative sans faille.
Un peu plus tôt, Prokofiev alors âgé de 23 ans rencontre Diaghilev à Londres et lui interprète son « Deuxième Concerto pour piano ». Grand découvreur de talents, Diaghilev invite le jeune compositeur à travailler avec lui. C’est le début d’une longue collaboration entre les deux hommes qui verra naître plusieurs ballets, parmi eux : « le Chout », « Le Pas d’acier », « Le Fils prodigue »…
Pour Diaghilev, l’idée est de fusionner la danse, la musique et les décors : “lorsque je produis un ballet, je ne perds pas de vue un seul instant aucun de ces trois facteurs”.
La musique de Prokofiev résonne par les vastes sonorités du piano. Les échappées radieuses sont vite rattrapées par des martèlements dissonants ; aux épisodes survoltés succèdent une cruauté sonore, des effets grotesques, des engrenages brûlants et des tourbillons de folie. Des pages de musique mises en avant par la vivacité des cinq danseurs, combinant explosivité avec délicatesse. La chorégraphie cherche des moyens d’entrer en dialogue avec la musique de Prokofiev : à l’aide de ses structures rigoureuses, de sa vitalité, de sa complexité. Le mouvement n’illustre pas la partition musicale, il vient se superposer à la richesse de celle-ci.

Les danseur.euses maintiennent une indépendance – rythmique, narrative – qui complexifie le rapport à la musique, tout en relevant le défi de l’énergie déployée dans ces Sonates de guerre.

Pierre Desangles jouera un Steinway Piano Pulsion

Un aperçu du spectacle qui vous attend ce soir (vidéo Antoine Fromental)
Samedi 26 juin 2024 21h00 Théâtre de verdure Lapalun de Buis les Baronnies
Tarif 15€, gratuit -18ans Réservations Billetweb (click): 15,50€ 

Votre réservation vous donne accès aux meilleures places, le jour du concert présentez-vous directement au contrôle et installez-vous aux places notées réservées.

Espèces, Chèque, Carte bancaire
  • Maison des Arcades: les mercredi et samedi précédant le concert de 10h à 12h30, places réservées
  • Sur place le jour du concert en placement libre

 

Au programme

  • Sergueï Prokofiev (1891-1953) Sonate n°7 en si bémol majeur op. 83
    • Allegro inquieto
    • Andante caloroso
    • Precipitato
  • Sergueï Prokofiev (1891-1953) n°8 en si bémol majeur, op. 84
    • Andante sognando
    • Vivace
    • Sergueï Prokofiev
  • Sergueï Prokofiev (1891-1953) Sonate n°6 en la majeur, op. 82
    • Allegro moderato
    • Allegretto
    • Tempo di valzer lentissimo
    • Vivace

La 6e Sonate fut la première achevée, composée en 6 mois, elle comporte quatre mouvements. Elle avait fait forte impression à Chostakovitch : “La 6e Sonate est magnifique”, écrivit il à Prokofiev de Léningrad. ”Du début à la fin, je suis très content d’avoir eu l’opportunité de l’écouter deux fois, et je regrette que ce n’était que deux fois.”

Au printemps 1940, juste après avoir terminé la composition de la sonate, Prokofiev l’interprète devant ses plus proches collègues dans l’appartement de Pavel Lamm. Parmi les invités, un jeune talent prometteur, Sviatoslav Richter. Richter raconte avoir tourné les pages pour Prokofiev ce soir-là. “Je crois me rappeler qu’il joua deux fois la sonate et s’en alla. Il avait mis son manuscrit sur le pupitre, et c’est moi qui lui tournais les pages. Avant même qu’il finisse de jouer, j’avais décidé que je jouerais cette sonate.” Sviatoslav Richter joua pour la première fois cette sonate l’automne suivant, le 14 octobre 1940, et Prokofiev fut impressionné par sa très grande virtuosité, après son interprétation.

Deux ans plus tard, Prokofiev termine la composition de la 7e Sonate, la première est donnée par Sviatoslav Richter, le 18 janvier 1943 à Moscou. Israel Nestiev, le biographe soviétique de Prokofiev, apporte des précisions sur le déroulement de cette soirée : « Le 18 janvier, tout le monde musical moscovite était présent dans la Salle d’Octobre de la Maison des Syndicats. L’auteur fut rappelé maintes fois. Quand le public se fut presque entièrement dispersé, Richter dut rejouer toute la sonate à la demande des enthousiastes qui étaient demeurés dans la salle, parmi lesquels figuraient David Oistrakh et Victor Chébaline. » Le chroniqueur poursuit : « La critique soviétique reconnut immédiatement la valeur de cette composition. On affirma que dans la musique de cette sonate s’exprimait “la perception du monde saine et entière du citoyen soviétique” et que dans ses accents impérieux résonnait “la voix de la Patrie” ».

La 8e Sonate est la dernière des trois sonates imaginées à Kislovodsk. Dédiée à Mira Mendelson, sa deuxième femme, elle est achevée cinq ans après avoir été esquissée. Sur la dernière page de la partition, Prokofiev note la date : “Ivanovo-Sortirov, 29 juin, 1944.” Après réflexion, Richter qui connaît parfaitement l’ensemble des sonates de Prokofiev, considère la 8e Sonate comme “la plus riche” de toutes. “C’est la plus riche de toutes les sonates de Prokofiev. Elle possède une vie antérieure extraordinairement complexe, profonde et contrastée. A certains moments, on croirait qu’elle s’engourdit, comme si elle s’abandonnait à la marche inexorable du temps. Elle est parfois dure d’accès, mais c’est dû à sa richesse, comme un arbre qui croule sous les fruits.” Mais Richter ne donna pas la première, cet honneur reviendra à Emil Gilels fin décembre 1944. Ce dernier note à propos de cette sonate : “En 1944, Sergei Prokofiev m’invita à donner la première de sa 8e Sonate. La 8e sonate est un travail profond, exigeant beaucoup de tension émotionnelle. Elle impressionne par la nature symphonique de son développement, la tension, l’ampleur et le charme des passages lyriques.”